On ne nous en avait parlé qu'en bien mais il faut être sur place pour le croire : si on ne connait rien de l'Inde et que l'on visite le Kérala, on ne repart plus!
C'est par le pur hasard que nous tombons sur un "splurge" du Lonely Planet (qui est DEFINITIVEMENT THE MEILLEUR GUIDE de l'Inde), qui nous conseille ce coin de paradis, relativement calme niveau touriste, mais dont on préssent l'énorme potentiel. Il s'agit de vivre dans une ancienne fabrique de tissage convertie en maison d'hôtes, avec pension complète (cuisine indienne du Kérala) qui vous change totalement des chambres d'hôtel et des cuisines de restaurant. De plus, le proprio du lieu est attentif à vos souhaits et vous arrange des Theyyam, vous propose de voir un mariage hindou ou vous achète des tickets de train, etc pour que vous ne puissiez vivre ici qu'une vie de paradis! Ce paradis est par ailleurs à quelques pas d'une plage idyllique avec ses cocotiers qui vous fait DEFINITIVEMENT rester ici!
Voici la maison d'hôte qui était une ancienne fabrique de tissage, assurée par des femmes il y a 30 ans.
A l'interieur : une salle commune immense et fraiche, qui fait office de lieu de vie en communauté, salle à manger durant les repas, végétarien le midi et non végétarien le soir. Souvent très copieux, ce sont surtout des plats du Kérala que nous prépare Pathmini. Il y a 5 chambres avec sdb privée qui entourent cet espace commun, et derrière la cuisine.
Voici Pathmini, la cuisinière du lieu qui m'a appris plusieurs spécialités kéralaises comme le fish curry, recette de curry au poisson Baracuda. La cuisine kéralaise se distingue du reste de l'Inde par son usage immodéré de la coco. "Kérala" veut dire en malayalam, langue régionale, "pays des cocotiers". Pathmini est une ancienne tisserande de la fabrique. Elle y a travaillé pendant 20 ans, ensuite elle a vu le changement du lieu en chambre d'hôtes et elle y est revenue en tant que cuisinière, depuis 7 ans. Toujours avec de beaux saris, elle s'occupe de la cuisine, des chambres, des lessives, bref de tâches parfois tres éprouvantes mais j'ai toujours vu son sari incroyablement immaculé!
Voici celui qui manage la maison, je n'ai pas compris s'il en est proprio, mais c'est tout comme! Quand on a une demande à faire on se tourne vers lui et il est au courant de plein de choses. J'ai eu de longues discussions sur la cuisine avec ce monsieur et il cuisine lui - même les petits plats pour les invités. Mais je trouve qu'il utilise plus de chili que Pathmini! Il est au courant des Theyyam et nous organise ces excursions qui sont toujours aux heures très matinales.
Voici ce qu'ici on nomme les "backwaters", des canaux d'eau douce sur la plaine de lagune qu'est le Keéala. Il y a des promenades en petite barque à faire pour voir la vie des villageois.
Il n'y a pas de cocotiers sans plage!
Et il n'y a pas de plage sans ses surfers californiens qui sont dans les couvertures de FHM. La plage est magnifique, quoique l'eau n'est pas super limpide, mais qui s'en plaindrait?
Je reproduis un extrait en français de petit nègre que j'ai trouvé ici :
Le monde magique des Theyyams
Le Kérala peut, à juste titre, être fier de sa riche tradition folklorique et aussi de l’ampleur et de la variété de ses arts rituels.
L’art folklorique rituel le plus important du nord du Kérala est connu sous le nom de Theyyam ou Tira. C’est le produit d’une synthèse de la musique rituelle vocale et instrumentale, de l adanse, de la peinture, de la sculpture et de la littérature.
Puisque l’intérêt qu’on y porte est dans le sang de la population, le Theyyam survit aux attaques de la science et de la politque depuis des années.
Il existe plus de 400 Theyyams pratiqués encore aujourd’hui et ils comportent les traditions dont l’origine va dans un passé reculé et qui continuent même de nos jours.
La nature du Theyyam
Etymologiquement Theyyam signifie Dieu, en langue malayalam. Tous les ans on l’exécute de décembre à mai, durant les mois de moisson et des fêtes populaires dans les temples appelés Kavous où l’on trouve l’emplacement nécessaire. En général, on l’exécute en plein air dans les rizières à découvert ou dans la cour des Tarawards (maison de communauté) ou en forêt.
Les Kavous d’adoration sont décorés de sculptures en bois. En comparaison des autres pagodes hindoues, ces lieux d’adoration diffèrent dans leur aspect. Ils n’ont pas de divinités à l’intérieur. Le plus souvent le symbole de Dieu est une épée, ou un tabouret, ou une planche de bois ou un masque. Les exécuteurs praticiens traditionnels, vêtus d’habits exotiques pour la danse rituelle, sont les Malayans, les Vannans, les Munnouttans, les Anjuttans, les Vélans, les Koppalans, les Chingattans, les Mavilans et les Kumbalans qui sont de caste hindoue et sont attitrés à exécuter ces danses. Les Theyyams exécutés par les Vannans et les Malayans se distinguent des autres multiples Theyyams par leur élégance et ils diffèrent des Theyyams exécutés par les autres castes inférieures présentant un caractère primitif. Mais même les Hindous des castes supérieures vénèrent ces theyyams qui sont exécutés dans les importants « illams », maison des Namboudiris. Même durant la détestable période d’intouchabilité pratiquée par les Hindous de castes supérieures, dans le Kérala les exécuteurs de Theyyam de castes inférieures avaient la permission d’aller dans les ilams des Namboudiris pour exécuter leurs Theyyams. On dit que cette situation ironique a fait dire ainsi par un musulman « moi, j’ai connu les deux cas ».
Le jour du Theyyam, l’exécuteur Malayan arrive à la maison du Brame (Namboudiri) de caste supérieure, avec un foulard pressé sous l’aisselle en signe de révérence. Puis commencent les rites et par la suite l’éxécuteur apparaît dans un délire divin. Alors c’est le tour du seigneur de haute caste d’obéir passivement à léxécuteur de caste inférieure transformé maintenant en Theyyam. Bien à l’amusement du musulman, l’éxécuteur du Theyyam de caste inférieure et intouchable met sa main sur la tête du seigneur pour le bénir !
Le Theyyam est un dieu pour les dévôts. Il y une différence énorme entre le Theyyam et l’oracle qui transmet les prophéties de Dieu dans un moment d’exaltation divine. D’après la conception générale, le Theyyam est un cas de transformation de l’homme en Dieu à certains moments rituels divins. Au panthéon hindou des héros : nobles trompés, arbres, serpents, animaux et un certain nombre de femmes, sont devenus Theyyams depuis des temps immémoriaux. Cela se conforme à la croyance que les âmes des morts s’unissent au Dieu Shiva. Donc l’apparition des Theyyams est conçue et éxécutée en suivant tous les rites. Et alors le Theyyam exécute sa danse sur l’accompagnement du battement des tambours (chendas) et du sifflement de la flûte et finalement se dirige au milieu des assistants dévôts pour les bénir.
L’exécuteur du Theyyam fait preuve d’une remarquable psychologie humaine dans leur manière de consolation et d’assurance à ceux qui sont désespérés et tristes.
Nous pouvons distinguer trois stades dans l’exécution d’unTheyyam. Au premier stade, les circonstances de l’origine du Theyyam se font entendre par des chants appropriés. Cela est appelé « thottam » ou récitation du poème narratif de la vie du dieu. Le second stade est une présentation simple du Theyyam selon les rites et mouvements propres à lui. C’est ce qu’on appelle « vellatam ». Au troisième et dernier stade, le véritable Theyyam apparaît pourvu des ornements multicolores et le visage aussi bien le corps peints selon la forme et aussi dans un attirail d’ornements divers.
Quand le Theyyam porte sur sa tête son imposant « mudi » (chevelure-couronne), c’est-à-dire sa coiffure particumière, la présentation du Theyyam est alors complète. La forme du « mudi » peut avoir des dimensions très variées. Le mudi peut être de petite forme ou il peut atteindre la hauteur d’un cocotier !
Les déesses portent de hautes couronnes qui sont faites de toile, de bambous, de feuilles de cocotier, etc. Elles sont décorées de fleurs sauvages métalliques. Certains types de déesses à caractère héroique portent des couronnes en forme de poisson. Il y a une grande variété de formes dans la conception des mudis.
L’origine des Theyyams remonte à un temps immémorial et des changements leur sont intervenus à travers l’âge. Il est à remarquer que les arts ou jeux classiques, tels que Koudiattam et Kathakali ont emprunté plusieurs aspects des Theyyams. Les « thottams » (récitation) ont beaucoup enrichi la langue malayalam. La langue de ces chants a une forme archaïque mêlée de termes tamouls. Des termes sanscrits ont aussi pris place dans ces chants. Ces chants ont rapport à l’origine d’un Theyyam particulier dans l’histoire de la localité, aux coutumes sociales et même aux liens commerciaux entre les pays. En fait, le premier chant poétiques du Kérala est un « Tottan » relatif à « Potten Theyyam ». ce Tottan se rapporte à la rencontre de Sankaracharya, célébre savant poète sanscrit et auteur d’un grand mouvement dans l’hindouisme avec le Dieu Shiva, qui s’est présenté devant lui sous la forme d’un intouchable. Selon la mythologie, Sankaracharya a dû demander pardon à Shiva, son interlocuteur adversaire dont l’identité a été reconnue par lui. Il y a plusieurs de ces Tottan ayant une portée sociale. Il existe aussi plusieurs Theyyams qui marquent l’adoration des héros. Le « Kalaripayattu », l’art martial du Kérala, a exercé une grande influence sur les Theyyams. Par exemple, le Theyyam relatif à « Tatcholi Othénan », imbattable représentant du Kalaripayattu dans l’histoire, expose pour une large part les exploits célébres de ce héros. Les récits héroïques relatifs aux autres héros qui vivaient trois ou quatre siècles sont bien connus de la population de Malabar. Les récits relatifs à leur vaillance sont chantés par les femmes dans les rizières pendant les semailles et aussi quand on moud le coco pour le festin de mariage.
Les caractères comiques apparaissent aussi sous forme de Theyyam présnetant ainsi un aspect de théâtre populaire. La conception de Shiva et de Sakti est à la base du Theyyam pour indiquer la communion de la force mâle et de la force femelle. Le culte de Vishnu apparait aussi dans le domaine rituel de cet art. Nous pouvons aussi y trouver des traits de l’influence aryenne et dravidienne. L’adoration de la mère divine est un aspect dominant du Theyyam. La même déesse représentant la puissance divine de tout le village est adorée ici. Comme unprécaution à l’épidémie de la variole, le Theyyam de Vasourimala est adoré comme acte de propitation avec des rites spéciaux et offrandes de poulets sacrifiés. Même les tigres et les oiseaux sont adorés comme la mère déesse.
Plusieurs héroïnes du temps passé sont représenté en Theyyam reflétant ainsi l’organisation de la société, telle que Mâkame déifiée. L’histoire de Mâkame est bien poignate : elle est la personnification de toutes les vertus féminines vivant dans les maisons Kadangode â Kinvrimangalour, une région voisine de Payyalur. Elle était l’unique soeur d’une douzaine de frères. Les femmes de ses frères sont devenues jalouses de l’énormité d’affection de leurs maris pour elle. Comme les femmes méchantes ont préparé des histoires scandaleuses, les frères emmenèrent Mâkame et ses deux enfants loin de la maison, prétextant lui montrer un spectacle. En chemin Mâkame ôta ses bijoux, les confia aux membres d’une famille qui était assez gentille pour offrir du lait à elle et à ses enfants. Une fois désaltérée, Mâkame leur dit qu’elle reprendrait les bijoux à son retour. Mais elle et ses enfants eurent la tête coupée et furent engloutis dans un puits par ses frères. Alors les miracles se produisirent dans la maison de ceux qui lui ont donnée à boire. Cala conduisit à la déification de Mâkame. Quand Mâkame apparait en Theyyam , ayant d’énormes torches enflammées, fixées autour de la hanche à l’heure matinale, les mères et les enfants du village manifestent leur obéissance au Theyyam. Des offrandes particulières sont présentées au Theyyam Mâkame pour se débarrasser de leur misère. Même en ces jours de soins médicaux très répandus partout, et de cent pour cent d’alphabétisation, les couples sujets à la stérilité vont prier Mâkame pour avoir la bénédiction d’avoir des enfants. Des centaines de telles mères déesses sont ainsi adorées.
Michilotte Bhagavathi est une pareille déesses. La grande mère de Kalarivadukkal Kavou, porte généralement un mudi (couronne) imposant d’une hauteur de 15 mètres et danse suivant le rythme violent du Chenda, le tambour typique du Kérala.
Un autre Theyyam femme intéressant appelé Qurathi, apparait avec un mudi en miniature, portant des outils de travail champêtre. La mère déesse Uchitta, qui porte un mudi semblable à une corbeille, s’assied sur une pile de braises et dit des plaisanteries à la foule dévôte, étonnée. Il y a bien d’autres mères déesse connues sous le nom de Chamundies. L’un des Theyyams importants des Malayans, est Kuttichathan. D’après la légende, le vacher Chathan qui s’occupait des bestiaux du célèbre Namboudiri Illam (maison), nommé Kalakattillam, fut plus tard déifié en Kuttichathan. Victime du système féodal, Kuttichathan apparait comme le symbole du désir indomptable de la liberté. Le prototype de Kuttichathan est bien le célèbre vacher Krishna. Ce Theyyam est un exemple de la fusion du culte de Shiva et de Vishnu, et a pour résultat la présentation d’une synthèse des vertus humaines, aussi bien que des défauts.
L’apparition du Theyyam exalte puissance et beauté d’un ordre supérieur. Le modèle de dessin est géométrique en général. Le Theyyam est embelli d’ornements faits en bois, en métal et de pièces de toiles colorées. Les fleurs sauvages et les feuilles tendres du cocotier sont invariablement utilisées.
La peinture du visage en couleur forte, dessinée en ligne adroitement imprimée, les masques exotiques, sparthes vertes, faits de bois, de métal et de cocotiers. La barbe de couleur blanche et noire, donne une apparence très expressive au Theyyam. L’application des couleurs d’origine végétale, avec des nervures des feuilles tendres de cocotier, est unique dans cet art. Le rouge dominant dans le système des couleurs de Theyyam, semble surnaturel quand ces Theyyams sortent de la verdure du paysage. Les Theyyams du nord Malabar attirent encore aujourd’hui un grand nombre de gens de la localité, sans distinction de castes ou de religions. Les Theyyams prononcent même des jugements dans les disputes commerciales et encore dans les cas d’affaire civil ou de crimes mineurs.
Le plus souvent les Theyyams sont exécutés selon le rite, comme une fête champêtre (agricole). Il est à noter qu’il existe une pratique extraordinaire d’assauts entre deux groupes de gens, en présence de la divinité en chef « Deivathar » à Avilam, village voisin de Kannur. Cela est organisé dans les rizières, après la récolte.
Il y a des règles de conduite à observer par les participants qui se perchent sur les épaules de leurs partisans. C’est une lutte pour preuve de vaillance de la jeunesse.
Sans compter les Theyyams annuels rituels, il y a des festivals de haut degré, appelés Perunkaliattam, qui se pratiquent dans 10 ou 15 ans d’intervalle.
En résumé, les Theyyams du nord de Malabar font partie de la structure morale d’un peuple conscient et simple.
Ce Theyyam s'est passé à 4h du matin à 20 km de notre maison d'hotes. Le lever fut déjà difficile, mais arrivés sur place le spectacle nous en a fait vraiment voir de toutes les couleurs et de tous les sons. De quoi vous mettre sur pied presto! Les plus beaux Theyyam se passent la nuit car dans la cérémonie il y a l'intervention du feu et c'est à ce moment là que le visuel prend tout son sens!
Si le Theyyam est une attraction pour les touristes, nous les touristes sommes aussi une attraction pour les villageois du coin! Ils sont incroyablement étonnés de voir débarquer 6 touristes (+ 2 Américaines et 2 Irlandaises), renseignés de la situation! Tres vite, on est pris en main par quelques villageois qui nous expliquent toute la cérémonie tout le long. Nous les Keralais on les adore!!!!!!
C'est le premier Theyyam de la saison qui commence et dure jusqu'au mois de mai.
A tour de rôle nous décidons de nous faire bénir par la réincarnation des dieux en Theyyam. Ici Lea passe devant Rama, qui la bénit de sante, de religiosité, de réussite, etc...!
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un goût de paradis
Kisses from Versailles, Henri