Une thémathique sur la " Langueur", sentiment poétique bien adopté sous ces latitudes.
Langueur
Je suis l'Empire à la fin de la décadence,
Qui regarde passer les grands Barbares blancs
En composant des acrostiches indolents
D'un style d'or où la langueur du soleil danse.
L'âme seulette a mal au coeur d'un ennui dense.
Là-bas on dit qu'il est de longs combats sanglants.
O n'y pouvoir, étant si faible aux voeux si lents,
O n'y vouloir fleurir un peu cette existence !
O n'y vouloir, ô n'y pouvoir mourir un peu !
Ah ! tout est bu ! Bathylle, as-tu fini de rire ?
Ah ! tout est bu, tout est mangé ! Plus rien à dire!
Seul, un poème un peu niais qu'on jette au feu,
Seul, un esclave un peu coureur qui vous néglige,
Seul, un ennui d'on ne sait quoi qui vous afflige
Paul VERLAINE (1844-1896)
(Recueil : Jadis et naguère)
A. Affaiblissement physique ou moral qui réduit considérablement les forces et l'activité d'une personne.
1. Vx ou littér. [La cause est de nature physique (maladie, blessure)] Entrer, être, tomber, tourner en langueur; se consumer de langueur. Je suis malade, messieurs, je me meurs de langueur, et vous m'excuserez si je ne puis me lever (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 339). Une langueur qu'on craignait de voir dégénérer en consomption lente (LAMART., Raphaël, 1849, p. 139) :
1. Les enfants paraissaient atteints d'une maladie de langueur, ne mangeaient plus, accusaient des douleurs de ventre, traînaient quelque temps, puis expiraient au milieu d'abominables souffrances.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Moiron, 1887, p. 1145.
P. anal. État d'une plante qui végète, s'étiole, dépérit. La langueur ou l'activité de la végétation semblait dépendre d'influences célestes (VOLNEY, Ruines, 1791, p. 225).
2. [La cause est de nature morale]
a) Asthénie, affaiblissement de l'énergie morale et physique causée par une fatigue nerveuse, par une souffrance morale. La mort de sa femme l'a jeté dans un état de langueur dont il a peine à sortir (Ac.). La langueur, ou l'impuissance absolue de l'esprit (CABANIS, Rapp. phys et mor., t. 1, 1808, p. 453). Oui, mon Père, je mourrai de colère et de langueur si je ne le retrouve pas (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 77) :
2. Vous voilà condamné à la vie maintenant, cher ami, à une vie de langueur, d'empêchement et de souffrance, où votre âme stoïque s'épanouit quand même...
SAND, Corresp., 1867, p. 163.
3. Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.
VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p. 72.
4. Yves se faisait de cet amour des représentations simples et précises; il imaginait des regards de langueur, des baisers furtifs, des mains longuement pressées, toute une romance qu'il méprisait.
MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 67.
1. Caractère d'une chose (paysage, climat) dont la monotonie, la moiteur engendrent cet état d'âme. Après les langueurs extrêmes de cet interminable été, le ciel s'est levé couvert et tout bouleversé (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 287). La mortelle langueur de l'après-dînée (CLAUDEL, Feuilles Saints, 1925, p. 625) :
5. Je fuyais tes regards, je cherchais ma raison.
Mais la langueur des champs, leur tristesse attrayante,
À ma langueur secrète ajoutaient leur poison.
DESB.-VALM., Élégies, 1833, p. 70.
a) Ralentissement de l'activité, du développement (d'une entreprise, d'une société). M. Géraud dit qu'après cinq ans de langueur, cette année est excellente pour les manufacturiers (MICHELET, Journal, 1842, p. 475).
b) Manque d'intérêt, de mouvement, de chaleur (d'une œuvre artistique ou littéraire). Langueur d'un discours, d'une conversation. [David] fut frappé (...) de la langueur, de la faiblesse de ces honteuses productions de son temps (DELACROIX, Journal, 1860, p. 270) :
6. Je sens fort bien que ces développements doivent jeter de la langueur dans la troisième partie de l'Essai, mais que faire à cela?
LAMENNAIS ds Mme V. HUGO, Hugo, 1863, p. 6.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Prob. av. 1130 (v. éd. pp. 200 et 261) [ms. fin XIIe-début XIIIe s.] « maladie, état de faiblesse » ([PHILIPPE DE THAON], Lapidaire alphabétique ds Lapidaires anglo-norm. éd. P. Studer et J. Evans, V, 989, p. 236); 2. a) ca 1180 « état d'abattement, de mélancolie dû à la passion amoureuse » (THOMAS, Tristan, 2484, 3037 ds T.-L.); cf. 1269-78 (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 4275 : Amors c'est langueur toute santeïve, C'est santé toute maladive) et 1525 (C. MAROT, Élégie IV, 49, ds Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, p. 224 : Oubly, Jalousie et langueur Suyvent Amours); b) 1670 « caractère de ce qui est empreint de ce sentiment » langueur [des yeux] (RACINE, Bérénice, IV, 4); 3. a) 1564 « chagrin, malheur » (Indice de la Bible ds FEW t. 5, p. 163 a); b) 1765-70 « mélancolie, vague tristesse » (ROUSSEAU, Confessions, VI, ds Œuvres éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, p. 243); 4. a) 1580 « nonchalance, indolence, paresse » (MONTAIGNE, Essais, I, XXVI, éd. A. Thibaudet, et M. Rat, p. 175); b) fin XVIIe-1re moitié XVIIIe s. « manque de force, de chaleur (d'une production de l'esprit) » (FONTENELLE, Du Verney ds LITTRÉ); c) 1780 [éd.] « stagnation (d'une activité écon.) » (RAYNAL, Hist. phil., VII, 14, ibid.). Du lat. languor « faiblesse, abattement, lassitude; maladie; inactivité, mollesse, tiédeur ». Fréq. abs. littér. : 1 109. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 152, b) 2 246; XXe s. : a) 1 371, b) 850.
Une chanson de Calogero qui parle des hommes endormis, par langueur ou ivresse...
"Et puisque les hommes endormis
Ne font pas de mal à leurs ennemis
Vienne oh que vienne la nuit
Et puisque les hommes allongés
Ne lèveront ni le poing ni l'armée
Vienne oh que vienne la nuit
Vienne la nuit des temps
Vienne le temps des nuits
Vienne enfin le camp
Des hommes endormis
Vienne la nuit devant
Vienne devant la nuit
Vienne enfin le temps
Des hommes endormis
Et puisque les hommes
Dans leurs reves
Font de l'amour un soleil qui se lève
Vienne oh que vienne la nuit
Et puisque les hommes
Qui sommeillent
Sont tous un peu frele
Un peu tous pareil
Vienne oh que vienne la nuit
Vienne la nuit des temps
Vienne le temps des nuits
Vienne enfin le camp
Des hommes endormis
Vienne la nuit devant
Vienne devant la nuit
Vienne enfin le temps
Des hommes endormis
Vienne enfin le temps des hommes
Des hommes endormis"
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